Des néoviticulteurs pionniers du vin breton

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Rédigé par Thibaud
Épicurien du vin 

Le 11 septembre 2025
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Des néoviticulteurs pionniers du vin breton

Des néoviticulteurs pionniers du vin breton

La Bretagne et le vin ? Voilà un mariage que l’on croyait oublié. Et pourtant, depuis quelques années, des vignes renaissent sur les côtes bretonnes, portées par des néoviticulteurs passionnés. Entre réchauffement climatique, libéralisation des plantations et audace locale, une nouvelle page s’écrit. Et elle a déjà ses figures marquantes.

Le retour de la vigne en Bretagne

Il faut se remettre dans le contexte : le 1er janvier 2016, l’Europe libère les droits de plantation pour les vignes destinées à produire des vins sans indication géographique. Résultat ? Ceux qui avaient un rêve de vigne enfoui au fond d’eux ont enfin eu le champ libre. Et certains se sont lancés, malgré une consommation nationale en berne.

Dans le même temps, le réchauffement climatique a changé la donne : au nord du 48e parallèle, le raisin mûrit désormais correctement. Là où jadis on n’imaginait que du cidre ou du chouchen, les coteaux bretons se parent à nouveau de ceps. Aujourd’hui, on recense une quinzaine de domaines qui renouent avec une histoire viticole oubliée depuis un siècle. Selon Aurélien Berthou, vigneron dans le Morbihan et enseignant à Kerplouz, près de 150 000 bouteilles pourraient sortir des chais bretons en 2025. Pas mal pour une région où la vigne avait disparu !

Portrait : Loïc Fourure, La Vigne et l’Abeille

Parmi ces pionniers, le nom de Loïc Fourure revient souvent. Ancien commercial en matériel médical, passionné de vin depuis longtemps, il décide de changer radicalement de vie. Avec Marina, son épouse, ils reprennent des terres familiales au bord des marais de Séné, dans le golfe du Morbihan. Ainsi naît le domaine La Vigne et l’Abeille, aujourd’hui fort de 5,85 hectares.

Loïc ne fait pas les choses à moitié : formation en BTS viti-oeno, apprentissage auprès de Charlotte et Thomas Carsin au domaine Terre de l’Élu (Anjou), et un choix clair : bio et biodynamie. Ses premières cuvées portent des noms évocateurs – Genèse, Racine, Alchimie, Pensées sauvages – comme pour marquer la naissance d’un projet profondément personnel.

Un terroir granitique et une vraie diversité génétique

Le sol du domaine ? Du sable granitique à 65 %, enrichi de quartz, gneiss et limon. Loïc travaille avec Lilian Bérillon, grand pépiniériste, pour planter uniquement des ceps issus de sélections massales, gage de diversité génétique. L’encépagement est original : chenin, chardonnay, pineau d’aunis, savagnin et un peu de pinot noir (même si ce dernier reste capricieux). L’idée ? Miser sur l’avenir, et surtout laisser une base saine si ses enfants reprennent un jour le flambeau.

Un écosystème local qui soutient

Tout n’a pas été simple. Pas d’aides de la chambre régionale d’agriculture de Bretagne, qui ne finance pas les projets viticoles (contrairement aux Pays de la Loire voisins). « Ici, il est plus facile de financer un élevage de poulets à 2 millions d’euros qu’un vignoble bio de 6 hectares », glisse Loïc avec un brin d’ironie. Mais la banque a suivi, et surtout, les restaurateurs et cavistes locaux se sont emparés de ces vins, créant un vrai réseau de soutien.

Un mouvement plus large

Loïc Fourure n’est pas seul. De nouveaux domaines s’installent, du Morbihan aux Côtes-d’Armor, avec la même ambition : créer une identité viticole bretonne moderne. On est loin des clichés : ces vins ne cherchent pas à imiter Bordeaux ou la Bourgogne, mais à trouver leur style. Blancs vifs, rosés délicats, parfois rouges légers… chaque parcelle, chaque vigneron ajoute sa pierre à l’édifice.

Des défis mais aussi une énergie contagieuse

Le climat reste exigeant : humidité, maladies, rendements incertains. 2024 fut une année difficile, marquée par de très faibles volumes. Mais 2025 s’annonce meilleure, et les perspectives à long terme sont prometteuses. On parle déjà de 30 000 à 35 000 bouteilles produites rien que pour La Vigne et l’Abeille une fois le domaine arrivé à maturité.

Au final, ce mouvement dit beaucoup : la Bretagne se réinvente, et des femmes et des hommes passionnés redonnent vie à une tradition que l’on croyait perdue. Si vous aimez le vin, gardez l’œil ouvert : le prochain grand coup de cœur pourrait bien venir des côtes bretonnes.

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Thibaud Lapacherie

Bon vivant passionné par le vin, les spiritueux et toutes les bonnes choses, Thibaud partage sur ce blog ses découvertes et ses coups de cœur avec sincérité et simplicité. Sans se prétendre expert, il propose un regard sincère et personnel sur cet univers riche et passionnant, toujours guidé par le plaisir du partage et l’amour des choses authentiques.

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