Le Chenin se structure à l’échelle mondiale : naissance de son observatoire international

Thibaud de BurdiVino

Rédigé par Thibaud
Épicurien du vin 

Le 5 juillet 2025
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l’Observatoire Mondial du Chenin

À l’occasion de la Chenin Celebration, le 6 juillet 2025, l’Observatoire mondial du Chenin voit officiellement le jour. Une première mondiale pour ce cépage emblématique, qui devient l’objet d’un suivi stratégique à l’échelle de 29 pays producteurs. Un outil inédit pour un cépage aux ambitions globales.

Un observatoire pour structurer la connaissance

Porté par InterLoire et le collectif FandeChenin, l’Observatoire mondial du Chenin a pour vocation de devenir la référence en matière de données économiques, de production et de consommation liées à ce cépage. À travers une cartographie détaillée des 29 pays producteurs, il dresse un état des lieux sans précédent de l’évolution du Chenin dans le monde.

Les objectifs sont clairs : mieux comprendre les dynamiques de plantation, suivre l’évolution des styles, mesurer les tendances de consommation, et appuyer les choix stratégiques des professionnels, des pouvoirs publics et des acteurs de la distribution.

Une géographie contrastée

31 200 hectares plantés dans le monde

En 2023, le Chenin est cultivé sur 31 200 hectares, répartis à 60 % dans l’hémisphère Sud et 40 % dans l’hémisphère Nord. Cinq pays concentrent 98 % des surfaces : Afrique du Sud (52 %), France (34 %), États-Unis (6 %), Argentine (5 %) et Australie (1 %).

La Loire (9 900 ha) et la Coastal Region sud-africaine (6 500 ha) représentent à elles seules plus de la moitié du vignoble mondial de Chenin. Le cépage est également présent dans les régions de Mendoza, en Californie, en Nouvelle-Galles du Sud ou encore dans les vallées du Breede River et d’Olifants River.

Une dynamique française à contre-courant

Entre 2009 et 2023, les surfaces mondiales de Chenin ont diminué de 13 %. Ce recul concerne principalement l’hémisphère Sud, avec une baisse de 18 %. À l’inverse, la France affiche une progression notable : +900 ha en 15 ans, dont 1 030 ha pour la seule région de Loire.

La France représente aujourd’hui 77 % des surfaces de Chenin dans l’hémisphère Nord, et son vignoble est jeune : 68 % des vignes ont moins de 20 ans dans la Loire. Ce renouvellement témoigne de l’intérêt croissant pour ce cépage, tant en viticulture conventionnelle qu’en conversion vers des pratiques durables.

Marchés, styles et consommation : une bascule vers l’effervescent

Un marché mondial de 136 millions de bouteilles

En 2024, les vins issus de Chenin représentent 136 millions de bouteilles consommées dans le monde. Si les vins tranquilles restent majoritaires (85 millions), leur consommation est en légère baisse depuis 2019 (-6 %). À l’inverse, les vins effervescents progressent fortement : +37 % en 5 ans, atteignant 51 millions de bouteilles, avec une croissance portée par la France, l’Allemagne et la Belgique.

Les exportations de Chenin de Loire vers l’Amérique du Nord enregistrent une montée en gamme marquée : 20 % des volumes y sont vendus à un prix supérieur à 9 € départ cave. Aux États-Unis, 4 bouteilles de Chenin tranquille sur 10 sont d’origine ligérienne.

Un cépage apprécié des jeunes consommateurs

Le profil des amateurs de Chenin évolue. Dans les grands marchés que sont les États-Unis, l’Allemagne, la France ou les Pays-Bas, les moins de 35 ans sont surreprésentés parmi les consommateurs. En Chine, ce sont les femmes trentenaires urbaines et aisées qui constituent le cœur de la cible. À l’inverse, les plus de 65 ans sont peu présents sur cette catégorie.

Un cépage aux multiples visages

Une versatilité recherchée

Le Chenin est reconnu pour sa capacité à produire une grande variété de styles : secs, moelleux, liquoreux et effervescents. Il est vinifié en mono-cépage dans la grande majorité des cas, particulièrement en Loire, où il représente 98 % des surfaces dédiées sous signe de qualité (20 AOP, 1 IGP).

Dans la Loire, la dynamique est claire : les effervescents progressent (+30 %), tout comme les vins secs, tandis que les moelleux et liquoreux reculent. Cette évolution accompagne une demande mondiale orientée vers les vins plus frais, légers et digestes.

Une reconnaissance internationale

Le Wine Trade Monitor 2023 classe le Chenin au 3e rang mondial des cépages blancs les plus attendus par les professionnels. Il est cité dans le top 3 dans des marchés stratégiques comme la Belgique, le Canada et le Royaume-Uni.

En France, le Chenin est intégré dans plusieurs démarches VIFA (Variétés d’intérêt à fin d’adaptation), soulignant son potentiel face au changement climatique. Selon une enquête menée auprès de cavistes français, 68 % considèrent le Chenin comme le cépage blanc le plus prometteur pour les deux années à venir.

Un outil pour l’avenir

En mettant à disposition des données agrégées et actualisées, l’Observatoire mondial du Chenin offre un levier stratégique aux filières viticoles. Il permet d’identifier les marchés porteurs, de mieux cibler les investissements, d’accompagner les décisions agronomiques et commerciales, et de renforcer la visibilité du cépage auprès des prescripteurs et du grand public.

➡️ Accéder à l’Observatoire mondial du Chenin (ouverture le 6 juillet)

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